La vente massive des actions de Nvidia s’intensifie après les résultats de Marvell : "Le sentiment est difficile"

Ce vendredi 7 mars 2025, l’action de Nvidia Corp. continue de plonger, emportée par une vague de pessimisme qui frappe les valeurs liées à l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur des semi-conducteurs. Après la publication des résultats de Marvell Technology Inc., qui ont déçu malgré des chiffres supérieurs aux attentes, le marché a réagi brutalement. L’action de Marvell a chuté de 20 %, tirant dans son sillage Nvidia, en baisse de 5,7 %, et Advanced Micro Devices Inc. (AMD), qui recule de 2,8 %. Derrière ces chiffres, une question se pose : pourquoi ce vent de scepticisme alors que les fondamentaux semblent solides ? On fait le point.

Marvell donne le ton, le marché suit

Tout a commencé mercredi soir, quand Marvell Technology a dévoilé ses résultats pour le quatrième trimestre. La boîte a dépassé les attentes avec un chiffre d’affaires de 1,82 milliard de dollars (contre 1,8 milliard prévu) et un bénéfice ajusté de 60 cents par action (contre 59 cents anticipés). Mais voilà, les investisseurs attendaient plus – beaucoup plus – vu l’engouement autour de l’IA ces derniers mois. La prévision pour le trimestre en cours, à 1,875 milliard de dollars, est restée dans la lignée des estimations, sans offrir le coup de boost espéré. Résultat : une dégringolade de 20 % en une séance, la pire depuis 2001 pour Marvell.

Ce flop a eu un effet domino. Nvidia, leader incontesté des puces pour l’IA, a vu son action perdre 5,7 % jeudi, et ça ne s’arrête pas là. AMD, autre gros joueur du secteur, a aussi pris un coup avec une baisse de 2,8 %. Même Broadcom, qui doit publier ses résultats ce soir, a vu son titre glisser de 3,5 % après la cloche mercredi. Clairement, le marché ne pardonne pas, et le sentiment autour des semi-conducteurs IA vire au rouge.

Pourquoi cette défiance soudaine ?

Pourtant, sur le papier, tout va bien. Nvidia reste une machine à cash : en 2024, la boîte a dégagé un chiffre d’affaires de 130,5 milliards de dollars, en hausse de 114 % par rapport à 2023, avec des bénéfices nets de 72,9 milliards. Ses puces, notamment les GPU de la série Blackwell, dominent le marché de l’entraînement et de l’inférence IA, portées par la demande insatiable des géants du cloud comme Amazon, Google et Microsoft. Marvell, de son côté, brille dans les puces personnalisées (ASIC) et les solutions de connectivité pour centres de données, avec une croissance de 78 % dans ce segment sur le dernier trimestre.

Mais les investisseurs regardent ailleurs. "Le sentiment est difficile", comme le résume un analyste de Mizuho. Après des mois de hype autour de l’IA, les attentes sont devenues stratosphériques. Les "beats" modestes de Marvell – 1,3 % au-dessus des prévisions de revenus – ne suffisent plus à calmer les nerfs. Ajoutez à ça des inquiétudes macroéconomiques (taux d’intérêt en hausse, tensions géopolitiques) et une concurrence qui s’intensifie – comme DeepSeek en Chine avec ses modèles IA low-cost –, et vous avez une recette pour une crise de confiance. Les valorisations élevées des leaders comme Nvidia (P/E forward à 32,9) commencent à faire peur, surtout si la croissance ralentit.

Nvidia : des bases solides, mais sous pression

Nvidia, c’est un colosse avec des pieds bien ancrés. Cotée au Nasdaq (NVDA), la boîte pèse plus de 3 trillions de dollars en valeur boursière à son pic en 2024. Son segment Compute & Networking, qui inclut les plateformes pour centres de données et les solutions automobiles comme DRIVE, représente la moitié de ses revenus. Avec des clients comme Tesla et des contrats pluriannuels avec les hyperscalers, elle a de quoi voir venir. Mais 2025 a mal commencé : l’action est déjà en baisse de 16 % depuis janvier, et ce nouvel épisode avec Marvell n’arrange rien.

Le problème ? Nvidia est devenue un baromètre de l’IA. Quand un acteur comme Marvell tousse, tout le secteur éternue. Les investisseurs se demandent si les milliards engloutis dans l’IA par les Big Tech vont vraiment payer à court terme, ou si le soufflé risque de retomber. Pour l’instant, les fondamentaux tiennent – les analystes tablent sur un bénéfice ajusté de 2,95 dollars par action cette année –, mais la pression est énorme pour que chaque trimestre soit un carton plein.

Et maintenant ?

Le marché attend le prochain catalyseur. Ce soir, les résultats de Broadcom pourraient soit calmer le jeu, soit enfoncer le clou. Si Broadcom, qui bosse aussi sur des puces custom pour l’IA, ne convainc pas, la chute pourrait s’accélérer. Pour Nvidia, les prochains jours seront cruciaux : une bonne nouvelle – comme un gros contrat ou des prévisions solides à GTC 2025 – pourrait inverser la tendance. Sinon, le titre risque de rester sous tension.

En attendant, une chose est claire : l’euphorie autour des semi-conducteurs IA a pris du plomb dans l’aile. Les boîtes comme Nvidia et Marvell ont les reins solides, mais elles vont devoir prouver qu’elles peuvent tenir le rythme face à des attentes toujours plus dingues. On garde les yeux rivés sur les cours – la suite au prochain épisode !