Partager:

24/02/2017 - Actions

Wall street : et si les arbres ne montaient pas au ciel ?

Tout va bien aux Etats-Unis, les actions s’envolent et les indices de Wall Street enchainent les records historiques, du jamais vu depuis 1987. Les publications d’entreprises ont semble-t-il séduit les investisseurs à l’image de l’action APPLE qui a dépassé les 135 dollars pour la première fois de son histoire après sa publication de résultats … et c’est un exemple parmi d’autres.

Et force est de constater que la politique monétaire de la FED a porté ses fruits alors que Janet Yellen tarde désormais à relever de nouveaux ses taux directeurs. Certes, ces injections de liquidité des banques centrales, dont la FED a passé le relai à la BCE, devront cesser une fois l’inflation repartie et la guerre des monnaies terminée (si elle l’est un jour), mais nul ne sait quelles en seront les conséquences réelles sur le marché et sur les devises. Pour le moment, tout va bien madame la marquise à l’image d’un VIX sous la barre des 12%, indiquant la faible volatilité et donc l’absence totale d’inquiétudes ! Sauf que ….

… Trump sortira-t-il son bazooka fiscal ?

Depuis sa prise de commande des Etats-Unis. Monsieur Trump ne cesse d’évoquer un stimulus fiscal d’ampleur et des réductions d’impôt en faveur des entreprises, des ménages … bref, des conséquences qui auraient pour objectif de relancer l’économie, de permettre le relèvement de l’inflation notamment.

Sauf que cela fait trois semaines que le marché attend et s’impatiente à l’image de l’action Goldman Sachs : « Même ceux qui devaient profiter le plus de la politique de Donald Trump commencent à faiblir. Goldman Sachs avait bondi de 27,6% entre l'élection et l'investiture, son action n'a gagné depuis que 4,9%. », selon BusinessInsider.

Et pour le moment, Trump ne se concentre visiblement que sur les problèmes d’immigrations, des taxes frontalières et des sujets qui ne concernent pas le marché économique. D’autre part, quand bien même des mesures positives sont enfin annoncées concrètement et mises en place … quelle en sera le délai de répercussion réelle sur l’économie ? Des questions qui restent en suspens et cette incertitude pourrait commencer à peser, surtout pour ceux qui y ont cru tête dans le guidon jusque-là …

Et pire, le projet de réforme fiscal de Trump pourrait ne pas avoir de conséquence positive sur la compétitivité des sociétés américaines (d’après un article Lemonde ici) :

« S’appliquant uniquement aux importations et aux biens produits sur le sol américain, cette réforme est censée favoriser les exportations. En réalité, la taxe d’ajustement frontalier sera probablement contre-productive et diminuera la valeur des avoirs nets américains à l’étranger.

Le projet fiscal de Trump visant à réduire le taux de l’impôt sur les sociétés et à appliquer une taxe d’ajustement frontalier ressemble au transfert des charges sociales sur la TVA, car ces deux taxes augmentent le coût des importations et encouragent les exportations. Mais cela ne va pas améliorer la compétitivité des Etats-Unis, parce que les autorités américaines maintiennent, par ailleurs, un régime de change flexible.

Si la réforme de Trump est appliquée intégralement, le dollar s’appréciera parallèlement à l’augmentation de la demande pour les produits américains : si la fiscalité baisse de 20 %, la valeur du dollar augmentera d’autant, ce qui annulera tout gain de compétitivité. Pour éviter cela, il faudrait que la Réserve fédérale américaine (Fed) empêche la hausse du dollar en diminuant les taux d’intérêt.... »

…. LePen sera au pouvoir en 2017 ?

Certes, on a vu ce que donnent les sondages entre le BREXIT et la victoire de Trump … mais cette hypothèse de montée en puissance de LePEN au cours des prochaines semaines n’est pas à exclure avec tous les évènements politiques actuels en France. Cela a déjà entrainé sur le marché français une sousperformance du CAC40 par rapport à l’indice allemand DAX notamment.

On ne peut pas encore évoquer les conséquences d’un FREXIT (sortie de la France de la Zone euro) tellement cela aura des conséquences terribles sur toute l’économie. Mais cela pourrait déjà, jusqu’aux présidentielles en France, peser sur les marchés européens, les empêcher de gravir de nouveaux records annuels et ralentir la cadence haussière de Wall Street.

… les valorisations du marché sont (trop) hautes

La seule justification d’une valorisation chère d’une action, d’un secteur, d’un marché ne permet pas de garantir d’une consolidation (voir d’un crack) à venir. Mais cela ajoute un critère d’incertitude dans le contexte actuel.

La valorisation du S&P500 sur les estimations de bénéfices pour l’exercice à venir s’élève à près de 18. La moyenne à long terme s’établie à 15. Selon les données historiques, le rendement moyen lorsque le PE (ratio cours sur bénéfice) est supérieur à 17 s’élève à 6% contre 11% lorsque le PE est sous 17.

Mais le timing est d’importance car on notera qu’en 1997, le PE était à 19 et que le marché est allé 46% plus haut.

Enfin, les résultats d’entreprises au quatrième trimestre ont été tellement performants, en progression de 6.7% contre 5% anticipé, que les marchés s’attendent désormais à une croissance des bénéfices pour l’année à venir de +10% !

La question sera donc, est-ce que les entreprises arriveront à honorer ces fortes attentes ?

… une phase de concrétisation des attentes sur les entreprises doit d’abord soulager le marché

Si l’on prend un exemple parmi d’autres, certaines sociétés américaines ont plus que le vent en poupe. Les records historiques s’enchainent, certes justifiés par des résultats à la hauteur des attentes et surtout démontrant que la profitabilité est bien là, mais après cette saison de résultats, ne devraient-elles pas au moins consolider avant d’y voir plus clair sur les plans politiques et économiques notamment évoqués plus hauts ?

Si l’on prend une société dont le prix de l’action a été multiplié par 5 an une année seulement, par 10 en 4 ans : NVIDIA.

La marge nette est près de 25% désormais contre 10% en 2014. Le chiffre d’affaires est en constante progression. La trésorerie nette s’élève chaque année proche de 4 milliards de dollars en 2017.

Tout cela justifie clairement cette progression des cours isolante depuis des mois. Les estimations sont dans le sens de cette tendance sans absolument aucune pause ! Le PER estimé pour l’année 2018 pour NVIDIA est actuellement de 36 !

Sans vouloir commencer à chercher le point haut sur ces dynamiques trop belles pour se poursuivre infiniment, la question au moins d’une phase de consolidation horizontale se pose. Les risques actuels sont importants sur le plan mondial pour l’économie, et les estimations à venir sont très prometteuses sachant que nul ne sait qu’elles seront les conséquences des politiques monétaires trop accommodantes des banques centrales ces dernières années.

Et quand bien même une consolidation de 10%, 20% voire même 30% a eu lieu, cela ne remettrait pas en cause la tendance de fond haussière sur cette action par exemple. Et le marché aura besoin de savoir lors de ces prochaines publications, si les estimations sont réalisées et réalisables ou non.

A noter que NVIDIA a perdu près de 20% en deux semaines et que cela ne remet pas en cause sa tendance de fond. Les signaux d’alertes ne font que commencer à s’allumer. La question est : aux cours actuels, quel potentiel mes actions ont par rapport au risque que j’encours, en gardant en tête que le potentiel estimée soit au moins deux fois supérieur au risque que je prends (logique de Money Management).

… les indices de Wall Street sont sur des objectifs techniques

Dow Jones, S&P500 et Nasdaq 100 sont sur des objectifs mensuels majeurs. Il ne s’agit pas de point de short sur signal de divergence mais bien de seuils sous lesquels au moins une stabilisation pourrait avoir lieu.

Ces trois indices sont sortis par le haut de leur phase de consolidation horizontale en données mensuelles tracée par un rectangle bleu. Seule une invalidation de cette sortie par le haut invaliderait les dispositions haussières puisqu’elle correspondrait également, pour l’indice Dow Jones, avec la sortie par le bas de ce long canal ascendant qui dure depuis 2009. L’indice S&P500 et Nasdaq100 devront encore perdre 2 à 3% par rapport au Dow Jones pour sonner le glas de cette dynamique de fond.

Ce n’est donc pas demain la veille d’une mise en place de correction majeure, mais j’averti simplement sur la capacité des indices à aller au-delà de ces bornes hautes de canaux qui sont la parelle aux bornes basses dont la pertinence n’est plus à démontrer.

En conclusion, au vu des risques politiques, de l’attente autour de l’évènement fiscal que doit annoncer et réaliser Trump, du risque de la Zone euro avec la présidentielle, des attentes sur le plan microéconomique et des niveaux de valorisations actuels … il est temps de lever le pied sur les achats aux Etats-Unis et de commencer à se poser la question d’une consolidation horizontale dans un premier temps sur les marchés américains. Il faut donc adapter sa stratégie de portefeuille qu’elle soit à court terme mais aussi à moyen terme, sur actions et/ou sur indices.

Et oui, peut être que même à Wall Street … les arbres ne montent pas jusqu’au ciel !

2024 © IVT - tous droits réservés