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11/03/2025 - Général

Apple ?

Les actions d’Apple subissent leur pire journée depuis 2022 : l’IA et les marges bénéficiaires en cause

Mardi 11 mars 2025 – Les actions d’Apple Inc. (AAPL) ont plongé de 4,85 % lundi, marquant leur pire performance quotidienne depuis mi-2022. Cette chute brutale, qui a effacé des milliards de dollars de capitalisation boursière, intervient dans un climat d’inquiétudes croissantes autour de deux enjeux majeurs : un retard dans le déploiement d’une mise à jour clé de Siri dopée à l’intelligence artificielle (IA), et des pressions sur les marges bénéficiaires liées à l’absence d’exemptions tarifaires. Voici ce qu’il faut retenir de cette dégringolade et de ses implications.

Un retard dans l’IA qui fait douter les investisseurs

Apple, longtemps perçu comme un pionnier de l’innovation, semble perdre du terrain dans la course à l’intelligence artificielle. Lundi, des rapports ont confirmé que la mise à jour tant attendue de Siri, qui devait intégrer des capacités d’IA avancées pour rivaliser avec des assistants comme ChatGPT ou Google Assistant, a été repoussée. Initialement prévue pour le printemps 2025, cette refonte, baptisée en interne “Siri 2.0”, pourrait ne pas voir le jour avant la fin de l’année, voire 2026, selon des sources proches de l’entreprise.

Ce retard est un coup dur pour Apple, qui mise sur l’IA pour relancer l’intérêt autour de ses iPhones, un segment clé représentant plus de 50 % de ses revenus. Avec des ventes d’iPhone qui stagnent dans un marché saturé, les investisseurs espéraient que des fonctionnalités IA révolutionnaires déclencheraient un nouveau cycle de mises à jour. “Apple doit montrer qu’il peut encore surprendre et innover. Ce retard alimente le sentiment que la marque à la pomme est à la traîne dans l’IA, un domaine où ses concurrents comme Google et Microsoft avancent à grands pas”, explique un analyste technologique basé à San Francisco.

Les marges sous pression : l’ombre des tarifs douaniers

L’autre facteur pesant sur le titre est économique. Sous la présidence de Donald Trump, réélu en novembre 2024, les États-Unis ont renforcé leur politique protectionniste. De nouvelles hausses de tarifs douaniers sur les produits importés de Chine—où Apple assemble la quasi-totalité de ses iPhones—ont été annoncées récemment. Contrairement à la première administration Trump, où Apple avait obtenu des exemptions partielles, aucune dérogation n’a été accordée cette fois-ci, selon des informations relayées par Reuters.

Ces tarifs, qui pourraient atteindre 20 % sur certains composants, menacent directement les marges bénéficiaires d’Apple, déjà sous surveillance. L’entreprise a bâti sa réputation sur des marges brutes élevées (46,9 % au dernier trimestre selon CNBC), mais absorber ces coûts supplémentaires ou les répercuter sur les consommateurs risque de compliquer l’équation. “Si Apple augmente ses prix, elle pourrait perdre des parts de marché dans des régions sensibles comme la Chine ou l’Inde. Si elle ne le fait pas, ses marges vont se comprimer”, note Atif Malik, analyste chez Citi.

Révision des prévisions, mais un optimisme prudent

Face à ces vents contraires, Atif Malik a abaissé ses estimations de ventes d’iPhone pour 2025, prévoyant une croissance plus faible que prévu, passant de 5 % à 3 % en volume. Il cite non seulement le retard de Siri, mais aussi une demande tiède en Chine, où Apple perd du terrain face à des concurrents locaux comme Huawei. Malgré cela, Malik maintient une recommandation d’achat sur AAPL, avec un objectif de cours de 275 $, contre un cours actuel d’environ 225 $ après la chute de lundi. “Les fondamentaux d’Apple restent solides, et l’IA, même retardée, finira par porter ses fruits”, argue-t-il.

D’autres analystes sont plus sceptiques. Certains évoquent un risque de correction plus profonde si l’inflation persiste ou si les tarifs douaniers s’aggravent. Le titre, qui se négocie à près de 34 fois les bénéfices attendus pour 2025, reste cher par rapport à la croissance modeste de ses revenus (2,3 % par an sur les trois dernières années, selon Forbes).

Une journée noire dans un contexte tendu

Cette chute de 4,85 % n’est pas un incident isolé. Elle s’inscrit dans un marché technologique nerveux, où Alphabet (Google) a également vu son cours baisser lundi, affecté par des inquiétudes sur les coûts de l’IA. Pour Apple, qui pèse plus de 3 000 milliards de dollars en capitalisation, cette journée rappelle les turbulences de 2022, lorsque le titre avait perdu 26 % sur l’année dans un contexte de resserrement monétaire et de ralentissement économique.

Les investisseurs scrutent désormais le prochain rapport trimestriel d’Apple, attendu fin avril, pour évaluer l’impact réel des tarifs et obtenir des indices sur la stratégie IA. En attendant, le titre a rebondi légèrement en pré-marché mardi, mais reste sous pression.

Apple à la croisée des chemins

Apple traverse une période charnière. Le retard de Siri met en lumière ses défis dans l’IA, tandis que les tarifs douaniers testent sa résilience économique. Si l’entreprise parvient à surmonter ces obstacles—via des innovations retardées mais percutantes ou une relocalisation partielle de sa production—, elle pourrait rebondir. Sinon, 2025 risque d’être une année de vaches maigres pour la marque à la pomme. Une chose est sûre : même dans la tempête, Apple reste un titan à surveiller de près.

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